Une entreprise de production cinématographique enchaîne les récompenses.

 

De gauche à droite, Gabriel Bissonnette, réalisateur de chez Fusion Film, l’actrice Dania Thibodeau, l’acteur Arnaud Vincent-Raschella et le producteur, Steve Thiboutot de chez Héroïque Films Inc. (Photo gracieuseté Jimmy Lajoie-Boucher)

Héroïque Films Inc. et Fusion Film se démarquent, certes, par ce concept singulier, mais aussi par son histoire. Un rêve, de la volonté et un travail acharné ont mené la passion d’une équipe vers la réalisation d’un court-métrage qui sera nommé et récompensé dans 158 festivals.

Par Jimmy Lajoie-Boucher

C’est en 2019 qu’un drummondvillois du nom de Steve Thiboutot s’est lancé. Il a fondé sa société de production cinématographique qui permettra aux téléspectateurs de visionner différents mythes, légendes séculaires, ou encore, moments historiques, qui non seulement ont marqué l’Histoire du monde, mais qui ont aussi traversé le temps. Avec comme seule arme à sa disposition sa passion et un rêve, cet ouvrier de carrière va ainsi emboîter le pas et, contre toute attente, rencontrer un vif succès dès son deuxième projet.

Vers la reconnaissance

Après un premier projet porté sur l’histoire de Jeanne d’Arc, qui donnât un résultat mitigé selon M. Thiboutot, et ce, malgré les moyens modestes dont il disposait, l’opus lui aura tout de même ouvert des portes, et par le fait même, donner les moyens de se lancer vers un autre projet… Terre Ancestrale.

Le court-métrage n’a aucun dialogue, du moins verbal, ce qui permet d’user du langage universel, celui qui parle au cœur. Cela dit, avec ce deuxième projet, déferle une vague de prix comme : le prix du meilleur court-métrage expérimental au Festival du film de Cannes, une mention honorable au Hollywood Gold Awards à Hollywood, bien sûr, et le prix Silver pour l’originalité de la bande sonore, pour ne nommer que ceux-là.

Terre Ancestrale

Le film, d’une durée de six à sept minutes, nous rappelle l’environnement dans lequel l’humain s’est élevé au-dessus de toutes les autres espèces. Dans cette situation hégémonique qu’il s’est créé, l’homme et ses plus grandes faiblesses sont mises en exergue, au détriment d’un scénario parlé, tout en restant le point central du court-métrage. L’argent et le pouvoir prédominent sur tout ce qui l’entoure.

Ces thèmes sont brillamment exposés aux téléspectateurs par l’intermédiaire d’un homme des bois qui découvre les richesses que peuvent lui procurer les ressources naturelles et, en l’occurrence, le pouvoir.

Notre aventurier, orchestré d’une main de maître par l’acteur Arnaud Vincent-Raschella, se trouve rapidement confronté à sa propre conscience lorsque l’immense arbre qu’il entaille à coup de hache, représentant les richesses de la nature, exprime sa souffrance par le truchement d’une charmante elfe, incarnée par la très talentueuse Dania Thibodeau. Le message est passé sans ambiguïté quant à ses intentions.

La flamme prend vie sous forme de film

« C’était une expérience incroyable. Normalement, on tourne en studio, mais là nous étions dans la forêt. » -Dania Thibodeau, actrice qui interprète l’elfe. (Photo gracieuseté de Martin Piché)

Le projet Terre Ancestrale n’en est pas un qu’on peut faire sans qu’une flamme prenne vie en soi. C’est manifestement un projet qu’il faut chérir de la production aux acteurs qui interprètent les personnages. L’émotion transmise par ces derniers, répond à une mission sans laquelle le message véhiculé perdrait tout son sens. L’un des facteurs qui a permis de donner vie à cette réalité fantasmagorique, remonte à l’essence même du tournage.

Ce dernier, contrairement à la majorité des tournages, s’est produit à l’extérieur permettant une immersion, autant que faire se peut, dans l’univers du récit. L’actrice Dania Thibodeau, qui incarne l’elfe, partage son expérience sur ce tournage hors du commun :

« C’était très particulier. Il faisait très froid et j’ai eu de la misère à me concentrer, mais c’était une expérience incroyable. Normalement, on est habitué à tourner dans les studios, mais là nous étions dans la forêt. Le fait que nous étions deux, aussi, rendait le tout très intime, plus intense. ». Ce côté « old school » est d’ailleurs la marque de commerce d’Héroïque Films. Le producteur, Steve Thiboutot, en fait sa ligne de conduite comme pour son premier court-métrage qui portait sur l’histoire de Jeanne d’Arc. 

Au-delà de l’œuvre

Les raisons pour lesquelles une œuvre rencontre le succès et pas une autre, sont nombreuses. Néanmoins, la principale cause d’une telle effervescence rejoint un point commun à chaque œuvre devenue mythique.

Son message dépasse l’œuvre et amène un questionnement plus profond qui parle au grand public. Ici, Terre Ancestrale remet notre mode de vie en question, certes, mais aussi l’avidité qui habite, à divers degrés, chacun d’entre-nous. Présentons un cas de figure. Si chaque humain pouvait, à l’aide d’une simple hache par exemple, devenir riche comme ce fameux Crésus au détriment de la nature qui l’entoure. Le ferait-il? Plus précisément, le feriez-vous? C’est ce questionnement qui vient chercher, au plus profond de leur être, les téléspectateurs et qui fond d’un succès… un succès !

Ces questionnements utiles

Ces questionnements, que suscitent les œuvres à succès comme Terre Ancestrale, permettent non seulement de prendre un pas de recul face aux a priori qui se forgent en nous, si subtile puissent-ils être, mais questionnent certains traits de personnalité qui font de nous les humains que nous sommes.

Des thèmes, encore d’actualité aujourd’hui, tels que : la place de l’environnement dans nos sociétés, l’argent et le capitalisme, mais encore, jusqu’où sommes-nous prêts à aller sous l’égide de ce dernier. La prédominance du profit avant même le bien-être de nos semblables. Tous des angles abordés sous l’œil fin des artisans qui se proposent garants de nos us et coutumes, mais aussi sous l’œil attentif d’un peuple qui cherche encore aujourd’hui sa place et comment arriver à ses fins. Il est explicité, durant ce court-métrage, la dure existence d’une nature mise à sac par la cupidité humaine.

Ce sujet, qui divise autant qu’il unit, est porté avec brio, et d’ailleurs n’est-ce pas, d’une certaine façon, le lot des artistes de soulever ces introspections nécessaires, par l’entremise de leur vision du monde.

C’est par toutes ces subtilités que Steve Thiboutot et Gabriel Bissonnette, le réalisateur, ainsi que leur équipe nous soumettent cette œuvre. Humblement, mais qui par ses enjeux soulevés, ont fait de Terre Ancestrale le succès qu’il est devenu.

La magie d’une équipe

Il est souvent question du talent d’une équipe pour expliquer le succès rencontré pas un court ou long-métrage. À cela, il faut ajouter la cohésion. L’unité de cette équipe est un, sinon LE facteur décisif. La complicité ajoutée à la passion qui ressort de ce « team », est de façon inéluctable, la plus-value qui a fait jaillir l’étincelle de magie nécessaire à tout chef-d’œuvre.

Lors du festival Yes ! Let’s make a movie, nombre de concurrents sont venus présentés le fruit de leur travail. De ces équipes, il était simple de déduire qui faisait partie de quoi. Cependant, nul doute quant à l’équipe de Terre Ancestrale. L’unicité qui était manifeste entre eux, rayonnait parmi tous les participants. Voilà la beauté de ce succès !

Au-delà du professionnalisme, qu’on ne peut remettre en question, il y avait ce désir absolu de bien faire le job. Le désir incommensurable qui, au-delà des coûts, élevait cet ouvrage au niveau de mission. Une mission accomplie sans ambiguïté pour l’équipe menée par Steve Thiboutot ! Terre Ancestrale, retenez ce titre, car il va continuer de faire parler.